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04 Mar

Pérou - Amazonias // 16-27 février

Publié par Cécile et Alex

Très chers amis gringos,

C'est un Alex transformé en framboise humaine qui vous écrit, mon sang étant visiblement un met particulièrement apprécié des mosquitos d'Amazonie.

La route pour la jungle est longue et difficile et notre première étape sur ce chemin se nomme Chachapoyas (comme vous allez pouvoir le constater les noms des villes dans cette partie du Pérou sont très exotiques) du nom de la tribu pré-colombienne qui a vécu dans la région il y a plus de mille ans. Cela signifie "peuple des nuages" et leur capitale située à 3000m d'altitude, Kuelap, est actuellement une sorte de Machu Pichu encore peu connu ce qui en fait le charme : beaucoup moins fréquenté que son équivalent inca, ces ruines offrant une vue à 360 degrés sur une magnifique vallée ne sont quasiment pas restaurées et toujours envahies par la végétation.

Kuelap

Kuelap

Kuelap

Kuelap

Le lama de Kuelap

Le lama de Kuelap

Kuelap

Kuelap

Comme les tribus Chimu et Moche (dont nous avions visité les vestiges à côté de Trujillo), les Chachapoyas se sont fait envahir et soumettre par les puissants Incas qui se sont eux-même fait massacrer par les conquistadors espagnols 150 ans plus tard... Bref la routine habituelle, l'Histoire n'est-elle pas remplie de ce type d'événements?

Mais plus que cette visite ou celle de la chute de Gocta (plus de 700m, sensée être la 3ème plus grande chute d'eau du monde)

Catarata de Gocta

Catarata de Gocta

Ce sont surtout les nombreuses rencontres que nous avons fait dans cette région qui nous ont particulièrement emballé Cécile et moi :

- toute une bande de péruviens en train d'essayer de remplir un formulaire en anglais sur la place du village de Huancas et qui nous interpelle pour leur donner un coup de main. 10mn après on s'était fait une dizaine d'amis dont le padre du village qui, après avoir appris que nous n'étions pas mariés, nous a gentillement proposé de réparer ce manque si nous trouvions des alliances!

- deux "frères" évangélistes Pedro et Javier avec qui nous avons fait un bout de chemin. Et discuter religion en espagnol, je peux vous dire que ce n'est pas du gâteau!

- Wagner, sa femme Janet et leur fiston Christian, famille péruvienne de Chachapoyas avec qui nous avons fait la visite des ruines de Kuelap. Après avoir bien sympathisé (ils sont tous avocats, Cécile a bien été tentée de leur demander un stage) ils nous ont invité le lendemain à manger le meilleur cuy de la ville (plat très traditionnel péruvien qui se prononce "couille" et auquel on avait pas encore osé se frotter: le cochon d'Inde grillé) dans une gargote perdue dans les hauteurs de la ville.

Cuy!!

Cuy!!

- un couple hollando-roumain, Laura et Alex, croisés 10 jours auparavant dans le canyon de Colca.

- Christelle la française installée dans cette ville depuis 1 an et quelques pour essayer d'y créer une ONG. Elle bosse dans une agence et nous donnera plein de bons tuyaux pour la suite du voyage (elle a passé 2 ans à arpenter le continent dans tous les sens).

- Damien le breton de 24 ans, très abondemment piercé (4 juste autour de la bouche), qui vit dans un camion avec son berger allemand et qui veut passer 6 mois en Amérique du Sud avec 1200€ en poche! Un mec dont le sourire et la bonne humeur perpétuels nous ont régalé ce dont j'aurais fortement douté venant d'un punk à chiens il y a encore quelques mois.

Et toutes ces rencontres se sont faites au cours des seules 3 journées passées là-bas!

Expérience humaine fantastique et particulièrement enrichissante, c'est à regret que nous reprenons la route pour nous rendre à Yurimaguas, ville située aux portes de la jungle amazonienne, en passant par Tarapoto, Moyabamba et Segunda Jerusalem (quand je vous disais que les noms des villes sont dingues dans ce coin!).

Les 10 heures de route se font dans un mini-bus inconfortable, les genoux sous le menton en essayant d'esquiver les jets de vomi du bébé derrière nous. En effet ça tourne sec et non stop, alors pour essayer de ne pas imiter notre pote le nourrisson on fixe le regard sur l'horizon.

Et quel horizon ! La jungle se profile devant nous à perte de vue, impressionnante étendue vallonnée de végétation luxuriante composée de palmiers de toutes les formes et de toutes les tailles, de bananiers, de cannes à sucre et de milliers d'autres espèces végétales, le tout parsemé d'orchidées typiques de cette région du Pérou.

On traverse de petits villages en slalomant entre une multitude de moto-taxis et de cochons sauvages, et les frêles habitations en bois faites de bric et de broc nous rappellent la pauvreté de ces contrées isolées dans cet océan vert-émeraude.

Et au fur et à mesure que les kilometres défilent, le mercure grimpe ainsi que le taux d'humidité.

Yurimaguas se situe au bord du Rio Huallaga, le taux d'humidité y est de 97% (!!) et c'est le royaume des mototaxis, moyen de locomotion privilégié dans les rues boueuses et parfois inondées qui mènent au port. La bourgade n'ayant aucun autre intérêt que celui de pouvoir prendre un bateau pour s'enfoncer plus profondément dans la selva, nous ne nous y attarderons pas longtemps et embarquerons dès le lendemain matin sur le "San Antonio II".

Le port est un vaste bordel particulièrement bruyant entre les rabatteurs des divers navires amarrés là (en effet on ne part que quand le bateau est plein, ça prendra pile poil 2h par rapport à l'horaire annoncé dans notre cas) et le chargement des diverses cargaisons, les bateaux servant autant au transport de personnes que de marchandises.

On monte à bord en jouant aux équilibristes sur une planche en bois et on découvre un nouvel univers à 3 niveaux: le premier est celui des machines et des marchandises, le second est un grand espace où les gens suspendent les hamacs (un bonne cinquantaine qui se succèdent sur 2 rangées, à moins d'un mètre les uns des autres) qui leur serviront de couches, certaines destinations demandant 4 ou 5 jours de navigation, et le troisième est transformé en grand enclos à poulets.... ben ouais!

Pérou - Amazonias // 16-27 février

Je me fais très vite plein de copains de mon âge (le plus vieux a 14 ans, les enfants sur le bateau sont très curieux et adorables avec nous) et après 10h de traversée nous arrivons à Lagunas, un village minuscule perdu dans la jungle au bord du fleuve.

Leçon de photo

Leçon de photo

Henri et Jesus

Henri et Jesus

Rio Huallaga

Rio Huallaga

Rio Huallaga

Rio Huallaga

Les conditions de vie y sont très précaires : les cabanes sont faites de bois et de feuilles de palmiers, les rues sont des sentiers boueux, les animaux de compagnie des perroquets aux couleurs chatoyantes et l'électricité n'est disponible que quelques heures en soirée.

Rio Huallaga

Rio Huallaga

Rio Huallaga

Rio Huallaga

Mais tout cela étant bien trop cossu on book un tour de 3 jours dans la réserve naturelle du coin histoire d'aller se frotter d'un peu plus près à cette immense jungle que l'on nomme aussi les "poumons de la Terre".

Notre moyen de transport sera un tronc d'arbre évidé qui servira de pirogue pour descendre le Rio Samiria qui, comme tous les autres rios de la région, est condamné plus tard à mêler ses eaux à celles de l'Amazone.

Pirogue

Pirogue

Rio Samiria

Rio Samiria

Au sein de la jungle amazonienne tous les sens sont sollicités de façon constante :

- les contacts avec les différents végétaux, la surface huileuse des poissons, la pluie qui tombe à verse et ruisselle sur le visage, et comme énoncé au début de ce récit les innombrables piqûres d'insectes divers ainsi que les démangeaisons qu'ils entraînent.

- l'odeur de la forêt, humide et boisée, des fruits épars qui jonchent le sol. Parfois des arômes très parfumés surprennent et enchantent le nez, vite remplacés par l'odeur de moisi des modestes abris en bois dans lesquels on passe la nuit.

Pérou - Amazonias // 16-27 février

- le goût du poisson, met unique dans la jungle, mais aussi celui des baies acides ou des fruits sucrés aux noms inconnus et exotiques.

Piranha !

Piranha !

- le paysage en dégradés infinis sur des teintes de vert et de marron qui se reflète dans l'eau du rio, et au milieu duquel se détachent des fleurs rouges, blanches ou jaunes. Les heures magiques passées dans la pirogue à observer 3 ou 4 types de singes différents, les dauphins d'eau douce, les iguanes et les caméléons, les papillons gigantesques aux couleurs éclatantes et les multitudes d'oiseaux qui peuplent ces contrées hostiles et magnifiques.

Reserva Samiria

Reserva Samiria

- enfin le bruit de la jungle... constant, assourdissant, hypnotique parfois, c'est une cacophonie de cris d'oiseaux, de bourdonnements d'insectes, de croassements de grenouilles et de hurlements de singes (pour ceux que j'ai pu identifier). Et dans l'obscurité de la nuit le concert redouble d'intensité pour devenir inquiétant....

Aller une chtite anecdote pour clore ce chapitre. Alors que nous naviguions paisiblement sur les eaux sombres du rio notre guide Octavio et sa femme commencent subitement à s'agiter en essayant de toute évidence de nous faire comprendre quelque chose. En deux rapides coups de pagaie nous faisons demi-tour et nous précipitons vers un gros tas de végétation que notre délicat guide va défoncer à grands coups de machette avant de s'attaquer sauvagement à un tronc d'arbre de 20cm de diamètre.

Ne comprenant pas le comportement de notre Conan de la jungle, on se dit qu'il nous fait une démonstration de force pour le plaisir d'abattre un arbre; mais au moment où le tronc s'effondre en partie on distingue à 6-7m au dessus de nos têtes un paresseux en train de lentement (mais alors trèèès lentement) se mouvoir pour changer de crémerie. Cécile et moi sommes plus que ravis de pouvoir admirer distinctement cet animal de dessin animé mais cela ne suffit pas à Octavio.

A ce point de l'histoire je déconseille aux Brigitte Bardot dissimulées parmi vous de lire la suite !

Sans que l'on ait rien demandé il coince sa machette entre ses dents, saute de la pirogue pour agripper un tronc d'arbre pieds nus et commence à grimper avec une agilité surprenante pour ses 43 ans et son léger embonpoint. Il finira par couper la branche sur laquelle s'était réfugiée la bestiole velue qui, étant donnée la vivacité de ses réflexes, va lamentablement se casser la gueule et se rattraper in extremis à une branche non loin de nous. La femme de notre poète de la machette finira le travail en tirant la bête dans tous les sens pour pouvoir nous l'exhiber fièrement (on constate au passage qu'elle a un adorable bébé-paresseux agrippé sur son torse).

Mise à part la peur, aucun mal ne sera fait à l'animal et il sera reposé sur un tronc pour le laisser vaquer à son épuisante activité.

Pérou - Amazonias // 16-27 février

Nous ressortons de cette experience emballés mais aussi complètement crevés : les nuits furent très courtes entre lits en bois au matelas épais de 5cm et démangeaisons qui réveillent, on mange assez peu (1 repas et demi par jour) et nos fringues détrempées ne sèchent pas, taux d'humidité délirant oblige. Les 20h de bateau enchaînées à 4h du matin avec 12h de bus près des toilettes ont fini de nous fracasser, il nous faudra encore 2 jours de trajet en passant par des bleds assez glauques pour enfin passer la frontière avec l'Équateur et arriver à notre première étape dans le pays : Vilcabamba.

Frontière équatorienne

Frontière équatorienne

Ranchera (le "bus" équatorien)

Ranchera (le "bus" équatorien)

Et là on se dit qu'à force d'heures de bus on a du franchir une porte pour la quatrième dimension !

On se retrouve dans un petit village grouillant littéralement de vieux hippies américains qui alternent de l'obèse vêtu du classique combo T-shirt psychédélique/pantalon hindou à l'anorexique bouffeur de graines qui paye cher les abus de drogues de sa jeunesse.

C'est très laid, ça ne parle pas un mot d'espagnol et ça grimpe dans son gros 4x4 qui pollue en sortant de sa boutique de conneries bios...

On comprend qu'une telle invasion ait rendu le peu d'Equatoriens pouvant encore se permettre de vivre ici assez aigris, le contraste avec nos pérégrinations précédentes est particulièrement saisissant !

Bon en même temps on a vraiment besoin de se poser pour récupérer un peu et l'endroit est parfait pour cela, très calme étant donné que les centres de méditation cosmique remplacent les boîtes de nuit. On y passera 3 nuits avant de reprendre la road again.

La paisible Vilcabamba

La paisible Vilcabamba

Hippie-land

Hippie-land

Peace and Love my friends, on vous embrasse tous bien fort. On commence à ressentir le mal du pays par moments, surtout lors de ces longs trajets, et s'imaginer en votre compagnie autour d'un bonne bouffe franchouillarde nous réchauffe le cœur! (bien que Cécile s'en foute un peu de votre présence en fait, elle veut juste un ÉNORME plateau de fromages!)

Zouyous

Alex et Cécile

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B
merci de nous faire partager ce long périple dans les civilisations anciennes mais tellement riches de beauté. Merci Cécile, merci Alex
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